« Regardez-moi », le scénario de la pandémie de Covid-19 rétrécit nos écrans comme la potion d’Alice au Pays des Merveilles.
Ce lundi, le mythique cinéma du Grand Rex a dû fermer ses portes faute d’une programmation suffisante pour attirer assez de spectateurs. Comme tous les cinémas français, la fréquentation du Grand Rex a été divisée par trois par rapport à la moyenne d’avant crise.
Plusieurs raisons à ça :
- Les spectateurs sont encore frileux de se rendre au cinéma alors que la propagation du virus reprend à la hausse.
- Les producteurs ne veulent pas prendre le risque de sortir leur film dans ce contexte.
- La plupart des cinémas américains sont fermés et empêche la sortie des blockbusters qui ont coutume de sortir au même moment partout dans le monde.
Des nouveautés directement sur petit écran
Pour pallier à cette crise du cinéma en salle, certains films sortent directement sur les plateformes de vidéo par abonnement. Forte de Katia Lewkowicz était sorti directement sur Amazon Prime Video au mois d’avril. Une alternative qui se justifiait d’autant plus que les cinémas étaient fermés. Je vous en parlais dans mon article précédent sur nos pratiques culturelles pendant le confinement.
Aujourd’hui, en plus d’une concurrence entre salles de cinéma et vidéo à la demande, c’est une guerre des plateformes qui commence. Le film Bronx d’Olivier Marchal, initialement prévu pour une sortie en août puis repoussé à septembre, fera finalement l’impasse sur le grand écran. Gaumont l’a vendu à Netflix. Amazon a quant à elle négocié Brutus Vs César, la nouvelle comédie de Kheiron, qui sera disponible le 18 septembre sur Prime Video.
Hier, c’est du côté de Disney qu’un évènement majeur a eu lieu. Le très attendu Mulan en live action de Niki Caro ne sortira finalement pas en salles, après de multiples péripéties de report dues à la crise sanitaire. Les exploitants en attendaient pourtant beaucoup pour relancer la fréquentation des cinémas et certains ont montré leur colère.
Les salles de cinéma expriment leur profond regret et leur désapprobation la plus forte face aux choix de certains…
Gepostet von Gerard Lemoine am Mittwoch, 5. August 2020
Suite à cette annonce, la FNCF a fait savoir dans un communiqué son regret vis-à-vis de cette décision.
Fédération Nationale des Cinémas Français
C’est pourtant directement sur Disney +, la toute jeune plateforme de SVOD de Disney, que Mulan sera accessible le 4 septembre. Une incertitude demeure cependant car Disney + n’est pas accessible partout dans le monde. Le film pourrait donc sortir en salles dans les pays qui n’ont pas encore ce service tel que la Chine. Surtout que l’on parle de Mulan, adapté d’une légende chinoise. Il est donc difficile de priver les spectateurs chinois de voir le film.
Et des films cultes reprogrammés sur grand écran
Tandis que des films prometteurs ne passeront pas par la case des salles obscures, des films cultes ressortent sur grand écran pour remplir les grilles de programmation des cinémas encore ouverts. Hier est donc ressorti La Haine, qui a contribué à lancer la carrière de Mathieu Kassovitz et Vincent Cassel. Une sortie évènement, pour fêter les 25 ans du film aux multiples récompenses dont le César du meilleur film . Le film a d’ailleurs souvent été cité comme écho avec Les Misérables de Ladj Ly, également César du meilleur film, et nommé aux Oscars cette année. La boucle est bouclée.
Côté films internationaux, Pathé Gaumont a trouvé une parade pour faire patienter les fans de James Bond. Le dernier Mourir peut attendre a vu sa sortie repoussée à novembre suite à la crise du Covid-19. Pour combler l’attente, les quatre James Bond incarnés par Daniel Craig vont ressortir dans les cinémas Pathé et Gaumont. De quoi temporiser avant de pouvoir le découvrir pour la cinquième et dernière fois incarnant le célèbre agent secret 007.
Ces remises en salle jouent sur le côté évènement et la nostalgie des spectateurs ; de la même façon que les chaînes de télévision rediffusaient des grands classiques pendant le confinement. Le compromis pourrait être gagnant-gagnant ; on peut revoir des films que l’on aime sur grand écran et les cinémas comblent le déficit de films à programmer. Mais la situation ne peut être que provisoire et cela ne suffira pas à relancer la fréquentation des cinémas à hauteur de l’avant Covid-19.
L’incertitude de la situation pandémique dans laquelle nous sommes ne fait qu’accentuer l’inquiétude qui pèse sur le cinéma. L’ambiance d’une salle obscure et son grand écran restent irremplaçables et la digitalisation ne contentera pas tout le monde. La situation actuelle pourrait pourtant se prolonger, et les exploitants comme les spectateurs devront s’adapter pour surmonter la crise.
L’adaptation du 7ème art par le cinéma, bientôt sur vos écrans, de toutes tailles.